Texan qui a roulé sa bosse sur une route cahoteuse, Calvin
Russell raconte des histoires de vieux loup solitaire avec l’aide du
rock et du blues. La France l’a adopté, alors que l’Amérique ignore tout
de lui. Patrick Mathé de New Rose a eu le flair de produire ses albums,
en particulier A Crack in Time (1990) et Soldier (1992) véritables
plongées au coeur du blues blanc.
Sans retrouver ces sommets,
Calvin Russell reste un des bluesmen préférés de l’Hexagone, où il
enregistre en 2011 le très bon album en publicContrabendo . Il décède
cette même année, le 3 avril, d’un cancer.
Guitariste dès l’enfance, Calvin Russell fréquente bientôt les
maisons de correction puis la prison. « À seize ans, j’étais déjà un
vétéran », dit-il. Sa carrière débute à quarante et un ans, lorsque
Patrick Mathé, le patron du label New Rose, le découvre au Continental
Club à Austin.
Dans la lignée country-rock, Calvin Russell dresse le
portrait des laissés-pour-compte d’une Amérique à la dérive. Il se
définit ainsi : « Je suis un rock’n’roller hors la loi qui combat la
tristesse des temps modernes. »
Macadam cow boy
Et c’est justement pour ça que la France a adopté ce macadam
cowboy complètement ignoré aux Etats-Unis.
L’histoire d’amour démarre en
1990 avec l’album A Crack In Time et est consolidée dans les années
suivantes avec Sounds From The Fourth World(l’émouvante ballade blues «
Crossroads » ) et Soldier. Par ailleurs, Calvin Russell tourne beaucoup
en France où sa bonhomie devient rapidement contagieuse. Peu avant la
mi-temps des années 90, il passe sur le label Columbia, produisant des
albums plus chromés, même lorsqu’il emprunte davantage à la country que
par le passé.
Radicalement inconnu aux Etats-Unis, ce songwriter qui doit beaucoup à
Bob Dylan, au Neil Young folk, à Bruce Springsteen sans le E Street
Band, à Woody Guthrie et à Townes Van Zandt, en a encore derrière la
caboche, pour le plus grand plaisir de ses nombreux fans français,
toujours les premiers servis. Surtout chroniqueur de sa propre vie, il
est parfois rattrapé par son passé comme en 1997 ou un peu d’herbe a
failli lui coûter cher. Calvin Russell est plus un authentique
personnage qu’un bon compositeur, les albums qu’il sort ont une fâcheuse
tendance à la répétition.
Calvin Russell poursuit sa carrière essentiellement européenne
avec Unrepentant (2007) ou Dawg Eat Dawg (2009). Son blues rauque est
surtout à déguster sur scène, Contrabendo en 2011 remettant les pendules
à l’heure pour ceux qui pouvaient douter de la stature de Calvin
Russell.
Le 3 avril de cette même année, un cancer emporte le bluesman à
l’âge de 62 ans.